Le Fossé classé

PATRIMOINE DE SOUSTELLE A ETE DISTINGUE PAR LA D.R.A.C

 La Route Départementale 32 et son fossé classé «Patrimoine archéologique et historique de la commune de SOUSTELLE» depuis Janvier 2023

La construction de l’actuelle Route Départementale 32 date du premier tiers du XIX e siècle. A l’origine Nationale MENDE-BEAUCAIRE, elle avait pour but de rallier le Massif Central et les Cévennes avec les plaines Rhodanienne et Languedocienne ; BEAUCAIRE étant à cette époque une des plaques tournantes du commerce en Région. Elle venait en substitution, sur notre territoire, du Chemin Royal du Collet qui serpente encore de nos jours en crête de montagne, en limite des communes de SOUSTELLE, LAMELOUZE et LES SALLES DU GARDON.

Ce chantier d’envergure pour l’époque nécessite l’embauche de nombreux ouvriers. En 1854, Jules LAPORTE, jeune cévenol originaire du hameau de Poulassargues à SAINT MARTIN DE BOUBAUX sollicite le poste de cantonnier. Il obtient un certificat de bonne conduite du Maire de sa commune M. BONAL, ainsi qu’un certificat médical du Dr VALCROZE. En 1856, sa candidature est retenue. Suite à la commission cantonale, il est nommé cantonnier le 10 juillet par M. le Préfet du Gard sur la section de cette Route Nationale Le Sollier (Soustelle)– La Haute Baraque (Lamelouze), soit environ 10 kms. Sa mission consiste en la mise en œuvre et le suivi des finitions c’est à dire la construction des murs de soutènement, des parapets et des aqueducs ainsi que la taille, dans la roche naturelle brute, des fossés récoltant les eaux de ruissellement. Le terrain est ici de nature schisteuse à l’inverse de la partie entre La Croix des vents et CENDRAS, de nature calcaire. L’empierrement de la chaussée est issu des deux carrières calcaires en aval de La Croix des Vents. La technique des tailleurs appareilleurs de pierre est ancestrale, au burin et à la pointerolle, tout comme l’avaient pratiqué quelques 200 ans plus tôt leurs homologues sur le Chemin Royal du Collet. Pour exécuter ces travaux, J. LAPORTE prend des journaliers sous sa responsabilité. Mais très vite, il doit faire face à la malhonnêteté du Brigadier cantonnier, son supérieur hiérarchique, qui lui enjoint de déclarer de fausses embauches. En réponse à son honnêteté et à sa droiture, il est victime de persécution et de faux rapports de la part de son Chef.

En 1863, ne voulant pas être caution d’activités trompeuses et déloyales il démissionne de son poste et s’installe au Sollier comme agriculteur, après l’achat de quelques lopins de terre. Par la suite les agissements du Brigadier cantonnier seront dévoilés et ce dernier révoqué. Pour autant Jules LAPORTE a perdu son emploi mais a conservé son honneur. Depuis cette époque-là, la route a été déclassée en Route Départementale, après la construction de la Nationale 107 BIS (renommée RN106) sous l’impulsion de la Compagnie des Mines de la GRAND’COMBE à la fin du XIXe siècle. Elle a bénéficié d’entretien et d’aménagements divers en lien avec les nécessités de viabilité et de sécurité tels le revêtement et les élargissements ponctuels.

Dès 2001, il est apparu que quelques vestiges, au niveau du « Ron Traoucat » et sur les hauteurs de Valmalle, avaient traversé les âges tout en étant épargnés de toute dégradation ; Tout particulièrement le caniveau creusé dans la roche naturelle. Plus de 20 ans seront nécessaires pour faire reconnaître ce patrimoine méconnu et ignoré. Ainsi la municipalité, avec l’aide précieuse du Groupe Alésien de Recherche Archéologique, a obtenu tout récemment le classement par les services de la DRAC de deux portions de 300 et 370 mètres de cet ouvrage en « Patrimoine archéologique et historique de la commune de SOUSTELLE » au sens du Code du patrimoine (article L. 322-3-1 du Code pénal).

Étant propriété du Département du Gard, il bénéficiera à compter de ce jour de techniques d’entretien respectueuses, officielles et pérennes par décision de Mme LAURENT-PERRIGOT Présidente du Conseil Départemental et avec l’appui de Mme FARDOUX-JOUVE et de M. MALAVIEILLE, nos Conseillers Départementaux.